samedi 12 juillet 2014

Le petit supplément de la convention mondiale : les lectures des prix Hugo.

Or donc, j'ai décidé, puisque être inscrite à la Convention mondiale (qui a lieu à Londres cette année, je le rappelle pour les deux ou trois distraits parmi vous…) donne droit à voter pour les prix Hugo et à télécharger les textes nominés dans les diverses catégories, je me suis dis que j'avais là un "feuilleton" de l'été tout prêt. Je lis The Magazine of Fantasy and Science Fiction pour la revue Fiction, et je lis aussi les manuscrits des auteurs français, mais je ne peux pas en parler ici, bien entendu.

J'ai donc démarré par la catégorie novellette, essentiellement parce que j'ai zappé les short-stories en téléchargeant et que je ne commence jamais par les textes les plus longs (dans un magazine ou une antho, je commence par les textes les plus courts, et je ne suis jamais l'ordre choisi par l'anthologiste, alors que j'en ai toujours choisi un avec soin quand je l'étais moi-même. On ne fait pas les anthologies ou les magazines pour soi, on les fait pour des lecteurs… qui font ce qu'ils veulent).

J'ai donc lu :

The Truth of Fact, The Truth of Feeling, Ted Chiang, Subterranean, Fall 2013.

Or donc, Ted Chiang, dont j'avais eu l'honneur de traduire Exhalaison, prix Hugo 2009 pour Bifrost n°56. Pas d'univers aux lois ahurissantes dans celle-ci, sinon celle du développement des technologies numériques. Que se passera-t-il quand on pourra (et on peut déjà, ça s'appelle le Quantified Self, qui consiste à utiliser capteurs, images et applications pour emmagasiner et analyser un maximum de donnée sur sa propre vie)  filmer tous les moments de sa vie et se les repasser à loisir ? Le narrateur est un père qui se rend compte que ni ses souvenirs, ni ceux de sa fille ne sont fiables, et que l'existence d'une application qui permet de retrouver n'importe quel moment de leur vie ayant été filmé va jouer un rôle crucial dans leur vie.
La relation du père et de la fille est mise en parallèle avec la découverte de l'écriture par les Tiv (et oui, il a fallu que j'aille les googler pour apprendre qu'il s'agit d'un peuple africain  aujourd'hui réparti entre le Niger et le Cameroun). La culture des Tiv s'appuie sur la généalogie, et la généalogie ne se fait pas de la même façon selon que vous avez une culture orale ou que vous découvrez l'écriture.
Ce n'est donc pas tant le propos du texte, plus qu'intéressant, qui m'a laissée un peu sur ma faim que la forme, avec les passages se déroulant chez les Tiv plus prenants que les considérations un peu trop détachées du père sur sa relation avec sa fille, que la forme, plombée par les nécessaires réflexions sur le rôle de l'écrit dans l'élaboration de nos souvenirs. Il va sans dire que je partage entièrement le point de vue de l'auteur : l'écriture est une technologie, et nous sommes des hommes augmentés depuis bien plus longtemps que nous le pensons…

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